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Et puis je suis rentrée chez moi, parce qu'il fallait bien. C'était pas tant la nécessité de partir que le désir de revenir bientôt.
 
 
 
Dans la nuit j'ai eu peur. J'ai rêvé que c'était l'hiver, un parking inconnu à la tombée de la nuit, les premiers flocons de neige, et quelque chose d'insaisissable dans l'air, ni le froid ni l'obscurité, quelque chose qui me faisait presser le pas parce que je savais que quelque chose de mauvais allait avoir lieu.
 
Ellipse.
Comme dans Inception on est descendu d'un étage.
 
Au niveau -1 je constate que quelque chose de mauvais a effectivement dû se passer sur le parking. Je suis dans une salle de bain anonyme et je jette des coups d'œil à ce qui semble être des morceaux de chair humaine dans un grand sac en plastique noir.
 
 
 
Quand la conscience refait surface il y a toujours - dans l'ordre - le soulagement ("ça n'a jamais eu lieu") et une impression désagréable en surimpression ("je ne me souviens pas avoir laissé la porte de la salle de bain ouverte avant de me coucher").
Les deux réflexions sont fausses.
 
 
Après je sombre uniquement dans la fatigue, et, sur les coups de huit heures du matin, réveillée sans raison (d'autres cadavres à faire disparaitre ?) j'écoute Roméo et Juliette sur mon ipod, en boucle, comme toujours avec les musiques un peu trop près du coeur, et comme il fait jour derrière les murs je me laisse sombrer dans la chaleur ouatée du sommeil.
 
 
J'ai peur du noir comme à six ans, comme à douze, c'est juste que depuis je suis devenue raisonnable et que je ne laisse plus griller les ampoules des nuits entières.
Mais il y a toujours les réveils en pleine nuit, et ces choses cachées dans le noir, que je vais voir sourire si je fais le moindre geste, si je respire trop fort, si j'ose allumer la lumière ou appuyer au hasard sur une touche de mon portable pour émettre la triste petite lumière bleuâtre.
Il y a toujours les rideaux de douche, les portes, l'introduction de New Born, l'œil de verre de la sorcière et la tonalité du téléphone.
 
 
Mais ça va, je prends l'habitude. J'ai fini par constater que le monde n'est pas uniformément cousu de raison cartésienne, et qu'en étant un peu attentif, on peut remarquer de minuscules accrocs dans la trame.
 
 
Sur mon bras gauche mes veines se colorent de vert et ça dessine des branches sur ma peau.
 
C'est joli comme du Blaise Cendrars, même si, effectivement, ça n'a rien à voir, rien d'autre qu'un clignement des yeux, que le fil de ma pensée que je déroule en tirant parfois trop fort.
 
" Milliards d'éphémères, d'infusoires, de bacilles, d'algues, de levures, regards, ferments du cerveau.
Silence.
Tout devenait monstrueux dans cette solitude aquatique, dans cette profondeur sylvestre, la chaloupe, nos ustensiles, nos gestes, nos mets, ce fleuve sans courant que nous remontions et qui allait s'élargissant, ces arbres barbus, ces taillis élastiques, ces fourrés secrets, ces frondaisons séculaires, les lianes, toutes ces herbes sans nom, cette sève débordante, ce soleil prisonnier comme une nymphe et qui tissait, tissait son coton, cette buée de chaleur que nous remorquions, ces nuages en formation, ces vapeurs molles, cette route ondoyante, ces océan de feuilles, de coton, d'étoupe, de lichens, de moussons, ce grouillement d'étoiles, ce ciel de velours, cette lune qui coulait comme un sirop, nos avirons feutrés, les remous, le silence.
Nous étions entourés de fougères arborescentes, de fleurs velues, de parfums charnus d'humus glauque.
Écoulement. Devenir. Compénétration. Tumescence. Boursouflure d'un bourgeon, éclosion d'une feuille, écorce poisseuse, fruit baveux, racine qui suce, graine qui distille. Germination. Champignonnage. Phosphorescence. Pourriture. Vie.
Vie ; Vie, Vie, Vie, vie, vie, vie, vie. "
 
 
 
Tu te demandes peut-être pourquoi  ce soir je ne parle pas plus de toi.
 
 
Tout est là : "Vie ; Vie, Vie, Vie, vie, vie, vie, vie."
 
 
Avec ou sans fougères arborescentes, avec ou sang prise de sang, avec ou sans Cendrars, avec ou sans cauchemars, avec ou sans littérature,  avec ou sans Roméo et Juliette, avec ou sans hiver, avec ou sans courant, avec ou sans kilomètres, avec ou sans phosphorescence, avec ou sans montagnes, avec ou sans pognon, avec ou sans tropiques, avec ou sans grouillement d'étoiles tombées du ciel de velours.
 
 
 
Tu sais, il n'y a que le tristement célèbre "with or without you" qui déroge à la règle.
Parce que la vie, je la veux avec toi.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Ecrit par AlaskaYoung, à 01:17 dans la rubrique "c'est un vrai mensonge".



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