Allons allons, le cœur n'aspire pas au revolver, Maïakovski en racontait des bêtises.
Le cœur n'aspire qu'au cœur, et le mien n'aspire qu'à toi.
Voilà c'est dit.
Je sais c'est facile, mais il y a dans toute chose une part irréductible de vérité, même au fond de mes mensonges les plus aberrants dans lesquels tu ne marches pas une seconde et qui clament "apprends-moi".
Apprends-moi, aussi long que ce soit, ou plus exactement tant mieux si c'est très long.
Et lorsque je saurai mentir effrontément sans baisser les yeux ou sourire en coin, je serai alors à même d'écrire de la poésie et des trucs tels que "le coeur aspire au revolver". Ce sera terrible crois-moi.
Maïakovski était un révolutionnaire Russe mais ça ne l'a pas empêché d'écrire beaucoup de choses sur le cœur. Je les ai recensées, c'est facile, ce sont les vers soulignés au crayon de papier dans mon livre.
"Qu'est-ce que ça peut bien faire
et que l'on soit de bronze
et que le cœur soit un morceau de fer ?"
"On ne saute pas hors de son cœur"
" Mon cœur et moi n'avons jamais atteint le mois de mai."
"Voleuse de mon cœur
Auquel tu as tout pris"
"Où
le cœur
va-t-il épuiser son chagrin ?
Dans les champs infinis du ciel,
dans le délire saharien,
dans la chaleur des déserts démentiels"
En attendant les déserts sahariens il gèle de nouveau et je continue à sortir sans manteau dans leur rue, mais je m'en fous un peu parce que tu m'enveloppes dans ton anorak contre toi et qu'on reste là comme des cons, couple atypique, à se bouffer des yeux, toujours après minuit, parce que Cendrillon n'a pas eu de chance et qu'en vrai il se passe toujours des trucs intéressants après minuit.
Avant aussi remarque.
Et puis t'es pas du genre à mettre en lambeaux la robe de princesse que tu as cousu à même mon corps parce que les douze coups ont sonné.
Tu sais quand je suis seule chez moi, je veux dire, seule sans toi, parce que je suis rarement véritablement seule chez moi - on vient d'éviter le mensonge par omission de justesse - il me suffit de pas grand chose pour recréer le reflet de nos instants.
Quelques chansons que je crois lire sur tes lèvres ou bien ma collection de jouets kinder. Ils sont juste là sous l'écran et ils surveillent ce que j'écris.
Parfois ils censurent.
L'un d'entre eux fait doucement non de la tête - oh c'est imperceptible y a que moi pour le voir, moi qui suis restée quelque part à la lisière de l'enfance où les jouets parlent et hochent encore la tête - alors j'efface un mot ou une ligne.
Non mais c'est pas perdu, t'en fais pas.
C'est juste effacé.
Si c'était perdu ce serait aussi absurde que, jsais pas, vouloir arrêter le ressac des vagues, ou le temps qui court après lui-même d'année en année en perdant ses cheveux blancs, ou un train lancé à pleine vitesse, ou n'importe quoi d'aussi inexorable.
J'ai un peu froid et mal à la tête ; je ne sais plus exactement de quoi je parle, enfin si je sais très bien, mais j'ai plus vraiment les mots adéquats, regarde, j'en arrive à écrire "inexorable" juste pour le x, ils se font rares, alors que je sais tout juste ce que ça veut dire.
Mais finalement ça finit toujours par resurgir.
C'est comme écrire à l'encre invisible ou sur la buée des vitres.
Il suffit d'une lumière forte et d'un peu de vapeur d'eau pour que les mots réapparaissent, identiques à eux mêmes.
Parfois même c'est juste derrière la surface, et il te suffit de te noyer deux secondes dans mes yeux pour tout deviner.
La seule vérité sur le cœur n'est pas dans les livres.
J'ai le cœur juste derrière les yeux, c'est tout.
à 01:43