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C'est le dégel.
La neige a disparu et on ne saura jamais où s'en va le blanc quand elle fond.
Il reste juste du gris, le gris des nuages, du ciel, des flaques d'eau, de l'asphalte, des visages ternes dans le tram, de décembre, de mes copies blanches dans ma chambre sans lumière, c'est peut-être le noir de la nuit qui s'est mélangé au blanc de la neige et que je m'en fous.


Je sais bien qu'il y aura encore des flocons dans le ciel, et ton nom dans la neige sur les toits, je sais bien qu'il y aura d'autres matins et d'autres soirs, et que l'homme n'est mortel que parce qu'on le lui a fait croire.

Et il y a cru, il est tombé dans le piège, et le loup a ressenti l'étau et les dents d'acier se refermer dans une écume de sang, et c'était fini, fini la liberté sauvage, l'évasion, les grandes plaines désertes et la soif d'aventure, tu sais les trucs qu'on trouve dans les bouquins de Jack London ou dans Into the Wild.


Mais à la limite -  j'ai poussé l'art de la concession dans ses derniers retranchements - nos prisons dorées nous suffisent. Et puis moi je suis chatte plus que louve, sans mauvais jeu de mots, et j'aurais bien trop froid pour survivre en Alaska - aussi paradoxal que ce soit.
J'ai déjà les bras et les lèvres trop bleus trop souvent sous nos latitudes ridicules, mais comme je te le disais, je sais bien qu'un jour l'été reviendra.


Et tout le monde puera la transpiration, le chlore, le monoï et le brulé des feux d'artifice, on aura les genoux tâchés du vert de l'herbe, le cuir collant des canapés sera insupportable au contact de la peau et les voitures passeront fenêtres ouvertes à minuit en dégueulant du rap.


Mais si, c'est sûr.
C'est juste une question de temps.


Mais pour une fois, j'ai pas vraiment envie de le presser le temps, de lui dire de se précipiter, de cligner les yeux pour voir si les aiguilles peuvent s'arracher du cadran en tournant à toute vitesse, comme je le fais parfois pendant les épreuves trop longues, quand j'ai refermé le cercle noir autour de ton existence.



Non tu vois, je lui laisserais bien le temps de s'écouler comme il le veut - au temps au temps pour moi oh tant pis - mais pas trop vite surtout. Que j'ai le temps de profiter de chaque seconde de ta présence.
Et de chaque seconde de ton absence aussi, dans l'attente et l'espoir, dans la certitude un peu irrationnelle que tout ceci a existé et existera encore.
Aussi longtemps que.


Il y a des phrases qui méritent leur rupture syntaxique, qui méritent de n'être pas finies. Et je voudrais que celle-ci le reste. Longtemps. Aussi longtemps que. Voilà.



Il faudrait à présent que j'aille équilibrer mes châteaux forts en piles de livres à lire qui se cassent la gueule ; que je regarde tous ces gens passer au "nouveau profil" facebook, le menton posé au creux de la main, appuyée sur mon coude gauche au creux duquel j'ai une petite marque bleue à la veine, le regard qui glisse sur la médiocrité désespérante, ou bien je sais pas, que quelqu'un me donne une claque pour que je cesse de prolonger le délire, mais le délire est en moi, en nous.



Bien sûr que c'est de la folie, mais c'est le dégel, les glaciers qui fondent, les ours polaires dans les avalanches et les tsunamis sentimentaux, alors serre-moi dans tes bras, si tu es loup je lècherai tes plaies, je t'agrandirai l'horizon, et tu verras, on passera au grand angle.











 
Ecrit par AlaskaYoung, à 23:19 dans la rubrique "c'est un vrai mensonge".

Commentaires :

  Songe
07-12-10
à 11:45

Jolie écriture, tu manies bien les mots et les émotions que tu leur attaches

  passionnee-par-les-reves
12-12-10
à 05:11

Bien sûr, j'ai pensé à Shakespeare dès la première ligne. "Que devient la blancheur quand la neige a fondu ?".

Ce commentaire est absoluement inconstrucitf, mais Dine avait raison avec ses histoires de jolies correspodnances.


  aphone
14-03-11
à 00:36

J'te lis depuis le début avec attention mais je crois que je ne te l'ai pas encore dit, c'est vilain.

Dans cet article j'ai beaucoup beaucoup aimé ce passage :

" ... mais comme je te le disais, je sais bien qu'un jour l'été reviendra.

Et tout le monde puera la transpiration, le chlore, le monoï et le brulé des feux d'artifice, on aura les genoux tâchés du vert de l'herbe, le cuir collant des canapés sera insupportable au contact de la peau et les voitures passeront fenêtres ouvertes à minuit en dégueulant du rap.

Mais si, c'est sûr.
C'est juste une question de temps."


Je l'ai sauvegardé quelque part dans mes journaux intimes pour être sûre de ne pas le perdre.

Et j'adore vraiment ta photo de bannière, je me demande si elle est de toi.

Tu écris pour une personne en particulier que tu cites ouvertement et c'est assez curieux comme façon de rédiger pour un blog, j'aime bien mais j'ai l'impression de m'immiscer dans ta relation amoureuse, c'est ce qui me pousse à ne rien dire, peur de me faire remarquer, de déranger. Très étrange, mais la curiosité me pousse toujours à revenir. Et puis c'est très bien écrit.

=)



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